Elisabeth Caldwell ♔ La peur est un cri, la terreur est un murmure.

Race magique : Barbas a toujours été une démone, et personne n'a jamais renié cet état de fait durant les siècles où elle a évolué dans les Enfers ou pendant ses brèves apparitions parmi les humains. Une condition qui fait d'elle un être immortel, et dotés de pouvoirs spécifiques qu'elle est la seule à maîtriser. En effet, elle excelle dans le domaine de la peur, et se complait à les matérialiser sous les yeux de ses victimes jusqu'à ce qu'elles en meurent. L'ancienne source l'avait promue au rang de démon supérieur durant le XIXème siècle. C'te classe.

Projection de la peur (niveau 3)

lvl 1 || Lecture des peurs > Barbas est capable de ressentir la plus grande peur de quelqu'un et de le persuader que ses craintes deviennent réalité. Doté d'un charisme naturel, la victime ressent une confiance infaillible en Barbas et la croit sur parole lorsqu'elle expose ses craintes les plus sombres au grand jour.

lvl 2 || Création d'illusions > Elle a pu acquérir la capacité de modifier sa voix et son corps pour correspondre à celle d'une autre personne et ainsi rendre les peurs plus réalistes. De plus, elle adore ça car cela lui permet de prendre littéralement part aux angoisses de ses jouets qui peuvent désormais s'adresser directement à elle pour l'implorer et la supplier d'arrêter.

lvl 3 || Projection astrale > Grâce au démon Stimple dont elle a soudoyé le savoir, elle a pu obtenir la capacité à projeter sa conscience ailleurs sous une forme astrale. Il s'agit d'une voix intérieure dans l'esprit des autres qui, combinée avec sa capacité à lire les peurs, permet à Barbas de mieux manipuler ses victimes, de prendre part à leurs plus sombres terreurs et éventuellement, d'y ajouter sa petite touche personnelle afin de rendre le tout plus distrayant encore...

Téléportation (niveau unique)

lvl unique || Evaporation sous forme de fumée > Vous clignez des yeux et elle vous échappe en quelques émanations de fumée, glissant sous vos doigts qui ne cueillent que le vide pour soudain réapparaitre dans votre dos...sans doute un peu trop proche à votre goût, d'ailleurs. C'est frustrant, n'est-ce pas ?

(tw - cette partie de la fiche peut contenir des mentions de meurtre et/ou torture. + une certaine banalisation de la violence générale.)

♔ Les Enfers, vers l'an 1350.
Eclats de rires tonitruants et galop infernal qui résonne dans les galeries souterraines du royaume, menaçant de couvrir les gémissements apeurés de l'être des Ténèbres recroquevillé sous moi. Plissant les yeux, je me désintéressais de ma victime pour disparaître en une poignée de volutes sans consistance. Un sursis gracieusement accordé, préférant succomber à la curiosité de remonter jusqu'à la source de ces rires indécents qui venaient de gâcher mon dîner.
Je levais les yeux au ciel, passablement excédée, lorsque je vis les quatre Fanfarons de l'apocalypse et leurs canassons galeux se tenant les côtes à l'abri des regards. Je soufflais, lassée par leur suffisance et leurs vantardises continuelles. "Nous sommes les pires fléaux de l'Humanité" par-ci "Il nous a choisi pour tous les exterminer sans distinction" par-là...mais oui bien-sûr, et moi je suis la reine des Enfers tant qu'on y est. Abrutis...
Néanmoins, je les écoutais se congratuler en comptant le nombre de victimes terrestres de leur dernier coup démoniaque qui avait pour nom de code : La Peste noire. Saisie, je restais bouchée bée, profondément indignée et offensée qu'un massacre d'une telle envergure leur soit accordé alors que j'avais toujours dû me contenter des miettes ici, dans le monde d'en bas. Si je suis en colère ? Evidemment que je suis en colère ! C'est une honte, un scandale ! Envie dévorante qui commençait à me ronger de l'intérieur, c'est à cet instant que je me promis à mon tour d'œuvrer parmi les humains, afin de doubler ces cavaliers de la pacotille et de parer mon nom de toute la gloire qui devrait naturellement lui être associé. Vous avez gagné cette bataille, soit. Mais la prochaine manche sera pour moi, soyez-en sûr...

♔ France, vers l'an 1570.
Qui aurait pu croire que les humains étaient capables d'autant de minutie et de créativité ? Un sourire entendu placé au bord des lèvres, je pris élégamment place sur un petit muret de pierres, alors que les derniers fagots de bois étaient soigneusement alignés au pied du monument éphémère. Les torches et les piques étaient dressées vers le ciel : Sorcières, au bûcher ! Au bûcher ! Parfaitement d'accord avec vous, je n'aurai pas dit mieux. La foule, gorgée de haine scandait inlassablement cette injonction et je me balançais légèrement de gauche à droite, au rythme de leur huées paysannes. Pourquoi se tuer au travail quand on le faisait pour vous ? Si j'avais su que brûler des sorcières était un divertissement national, croyez-bien que je serai remontée des Enfers bien avant ! Au bûcher ! Au bûcher ! Je fermais les yeux un bref instant, laissant ce frisson de plaisir me parcourir le corps en sentant l'épouvante des jeunes élues que l'on attachait au centre de la place, leurs peurs exacerbées offertes publiquement pour agrémenter encore davantage la scène. Il faut le dire, ces gens ont le sens du spectacle. Il n'avait suffit que de quelques rumeurs sciemment lancées et quelques peurs révélées pour embraser les esprits, sans mauvais jeu de mots. Ces individus sont si aisément corruptibles, je n'avais presque rien eu à faire pour provoquer le petit numéro de ce soir. A vrai dire, les voir s'entre-tuer est presque aussi satisfaisant que de le faire moi-même et j'avais bien mérité cette petite pause en ce vendredi treize. D'autant plus qu'il me restait encore quelques sorcières célibataires à torturer avant minuit. Elles s'étaient réfugiées plus au Nord dans la forêt, fuyant leurs sœurs qu'on livrait aux flammes pour s'épargner le même sort. Je sentais leur terreur jusqu'ici, pareil à un chemin de roses qui me conduirait directement à elles. Au bûcher ! Allez en Enfers, sales sorcières ! Je tournais vivement la tête vers mon voisin, subitement incrédule. Ah non cher monsieur, on n'en veut pas non plus là-bas. Mais enfin, quelle idée ! Mettez vos âmes impures où vous voulez, mais pas chez moi...et bien, on aura tout entendu ici. Je me redressais, reportant mon attention sur le flambeau qui allait être apposé sur le bûcher et claquais plusieurs fois des mains de manière impatiente pour exhorter le pauvre hère à effectuer sa besogne plus rapidement. C'est pas qu'on est pas bien, mais il y a des gens qui bossent et ce soir, c'est justement c'est MA soirée. Celle où j'allais enfin retrouver ma liberté en ravissant au monde treize jeunes femmes célibataires de leur coven et profiter d'un petit séjour hors des flammes du purgatoire. Après tout, je l'ai amplement mérité, n'est-ce pas ?

♔ Versailles, l'an 1682.
D'un geste gracieux du poignet, j'actionnais l'éventail aux couleurs vives contre mes pommettes savamment poudrées, surprenant les regards entrecroisés vers moi qui miroitaient dans les reflets de la galerie des glaces. Il est vrai qu'aujourd'hui, la Comtesse de Barbasant, mon nom d'emprunt, était particulièrement agréable à regarder car le succès m'allait extrêmement bien au teint. La glorieuse époque de la chasse aux sorcières était terminée maintenant, bien qu'elle eut connu un essor considérable dont l'un des pics bienheureux s'est illustré à Salem. Si ces mœurs se sont un peu perdues, rendant la vie sur terre aussi insipide que fade, j'avais essayé de remettre cette tradition au goût du jour, en profitant de cet environnement de craintes pondérées qui suintait des murs du palais pour en faire ressortir les plus sombres facettes et confronter le carcan Royal. Une petite zizanie de mon cru que l'on connaîtra dans l'Histoire sous le nom de "l'Affaire des poisons" : ribambelles de sorcières mondaines que l'on soupçonna alors d'avoir empoisonné les hommes de la noblesse, les maris de la cour du Roi, ainsi que les rivales et les favorites ce dernier. Un joyeux complot, combinant un petit peu d'arsenic, une pincée de cyanure et surtout, de très bons moments passés en projections astrales dans les esprits de ces femmes, devenues les instruments armés de mon plaisir...oh, rien de bien méchant en somme. Mais les humains ont décidément une constitution fragile et je ne saurais en être tenue pour responsable. Pour les réclamations de ce genre, veuillez vous adresser aux têtes auréolées là-haut. J'aime les bûchers d'accord, mais je suis loin d'avoir été canonisée comme notre amie Jeanne. Il ne faut pas pousser la Source dans le Néant non plus...
Loin d'être mon meilleur score en matière de fauchage de sorcières, je n'étais cependant pas mécontente du résultat et la vie à Versailles n'avait jamais été aussi agréable que durant cette période de tourmente où chacun se regardait en chien de faïence, méfiance portée en bandoulière et la peur d'être pointée du doigt comme prochaine sur la liste. Une tension palpable mêlée à une délicieuse délation organisée avec laquelle je m'amusais allègrement, faisant entrevoir les angoisses d'un battement de cils ou au détour d'un sourire charmeur dans les alcôves aux riches dorures. Je lâchais un soupir d'aise, minaudant à proximité de toutes ces têtes couronnées qui ce soir, cauchemarderont tout éveillé. Parole de Comtesse.

♔ Les Enfers, l'an 1867.
C'est un air suffisant qui compose mes traits alors que je me redresse fièrement, glissant un regard en coin vers les quatre chevaliers de l'apocalypse qui se tenaient en retrait. Douce revanche que je caresse du bout des doigts alors que je venais de devancer ces nigauds sur l'échelle de la gloire. Sans rancune les gars, tout le monde sait que c'est moi sa préférée. Je reportais mon attention sur le Maître, l'ancienne Source qui venait de me choisir, et posais le genou au sol avec toute la grâce acquise au fur et à mesure des siècles pour recevoir ma récompense : mon titre de démon supérieur. Un juste retour des choses si vous voulez mon avis, car on ne peut pas dire que je me sois tournée les pouces durant ces cinq derniers siècles. Par deux fois cependant, j'avais failli regagner le Purgatoire, passant in-extremis entre les mailles de sorcières qui s'étaient révélées plus rusées que les autres mais cela faisait partie des risques du métier, comme on dit. D'ailleurs, je sais exactement à quoi m'en tenir désormais et je compte bien m'occuper des descendantes de ma dernière cible jusqu'à ce qu'elles tremblent d'effroi sous moi. Douce Phillippa Warren, profite bien de tes jeunes années tant que tu le peux encore car nous serons amenées à nous rencontrer. Mais en attendant, c'était à mon tour de profiter...n'est pas démon supérieur qui veut, et il faut bien avouer que je ne me lassais pas des félicitations qui ce soir, glissaient sur moi comme une pluie de majesté. On s'y habitue vite, je suis prête à recommencer dès qu'il vous plaira. Barbas, démon supérieur...rien à redire, c'est parfaitement assorti.

♔ San Francisco, Université de Berkeley, l'an 2018
(tw - torture sur innocent.)
Un sourire carnassier vint étirer mon visage, captant l'expression d'épouvante sur les traits de la femme qui me faisait face. Confortablement assise sur le bureau directorial, je regardais avec amusement ma proie se saisir à tâtons du téléphone posé à côté de moi, l'autre main appuyée contre sa poitrine pour lutter contre la douleur. Vous n'auriez pas dû travailler si tard, Ellen. Le téléphone tomba sur la moquette, boîtier vide sans réseau ni tonalité. Vous le saviez. Mais vous avez préféré passer outre les mises en gardes de votre famille, de vos collègues, de vos amis...et voilà où nous en sommes ce soir. Elle m'agrippa, peur panique de ne pas surmonter cette attaque, cette crise cardiaque naissante qui lui étreignait le cœur. Je baissais lentement les yeux vers le col de mon chemisier plissé entre ses doigts serrés de supplications muettes et secoua la tête avant de densifier légèrement la douleur pour la faire lâcher prise. Vous êtes seule, et personne ne vous entend. Enfin, personne à part moi évidemment...poursuivis-je avec un léger rire surfait. Elle suffoqua et chuta au sol, au pied de l'endroit où je me trouvais. Je poussais un soupir de ravissement : Ah, les regrets...si seulement vous aviez su ce qui allait arriver, bien-sûr que vous ne seriez pas venue. Mais il est un peu tard pour y penser, n'est-ce pas ? Et ce n'est pas cela qui vous sauvera. En fait, maintenant que j'y pense, je crois bien que rien ne peut vous sauver. Elle leva péniblement la main dans ma direction, implorant du bout des lèvres. Qui ça moi ? Oh, je ne crois pas non. Ce serait comme, comment dirais-je...contre-productif en quelque sorte. La petite horloge de la pièce annonça minuit et je lissais les plis de mon tailleur, parfaitement à l'aise avec la situation, avant d'accorder un dernier sourire de complaisance à ma victime, au bord du gouffre de la mort. Pile à l'heure, je suis impressionnée. Il faut croire que l'on se bonifie avec l'âge, ou que des siècles de pratique m'ont permis d'obtenir des résultats aussi précis. Je croisais les jambes, toujours élégamment posée sur le bureau et levais le menton vers le plafond, paupières closes, pour me délecter des derniers instants de la silhouette gisant au sol. Sa peur de mourir, finement ciselée par une panique intérieure qui sollicitait encore davantage le palpitant malmené par mes soins. Vagues d'effroi et d'impuissance qui caressaient doucement mes sens, je savourais ces instants de plénitude en silence, jusqu'à ce qu'elle eut expié son dernier souffle à même le sol. Enfin, je rouvris les yeux, derniers frissons de félicité parcourant ma peau et je quittais enfin mon piédestal pour me redresser.
Repoussant négligemment le corps de mon talon aiguille, je l'enjambais tout à fait avant de me retourner une dernière fois pour détailler la pièce luxueuse. Mes félicitations pour ta nouvelle promotion Barbas, tu commences lundi...Toutes ces nouvelles âmes à tourmenter en ces murs qui n'attendaient que moi, j'en avais le vertige, s'en était même indécent. Multitude de jeunes gens qui suivraient le même chemin que leur proviseure qui refroidissait déjà sur le plancher de l'établissement.