Une seconde chance [PV Parker]

Percy prit une profonde inspiration, triturant son col d'un geste nerveux. Depuis sa dernière rencontre avec @Parker Halliwell, en excluant une aventure magique dans le passé pour le moins inattendue, il s'était écoulé un certain temps, assez pour lui faire penser qu'il n'aurait peut-être jamais l'occasion de revoir l'homme après tout cela.

Si sa mère n'avait pas été là pour l'en empêcher, Percival aurait probablement multiplié les appels et les messages pour tenter d'établir le contact avec Parker, pour essayer d'arranger les choses entre eux, et de se faire pardonner. Mais Parker avait besoin de son espace, et s'imposer à lui de la sorte ne résoudrait rien, bien au contraire.

Ce temps passé lui avait permis de réfléchir à la situation et aux erreurs qu'il avait commises. Depuis le début, il n'aurait jamais dû se servir de ses araignées pour espionner Parker, même pour d'innocentes raisons. Parker en avait été offensé et, à présent, Percy en comprenait pleinement les raisons. Ce n'était pas digne d'un ami...

Et il avait raison, Percival lui avait imposé la vérité sans se demander une seule seconde si Parker était prêt pour cela. Il s'était montré égoïste, brutal, et le regrettait terriblement. Une petite voix lui murmurait qu'il pouvait toujours essayer d'effacer la mémoire du sorcier, faire comme si de rien n'était, mais Percy savait exactement de quelle part de lui émanait cette suggestion, et il refusait de se laisser tenter. Il préférait encore ne jamais pouvoir revoir Parker que de le manipuler de la sorte...

C'était après un certain temps que Percival avait finalement envoyé un message auprès de Parker, s'excusant et lui faisant part de ses regrets, sans pour autant lui imposer quoi que ce soit. Une fois de plus, sa mère l'aida en ce sens, Percival ne pouvant compter sur ses lacunes sociales pour lui venir en secours.

Et c'était ainsi qu'il se retrouvait une nouvelle fois sur le seuil du manoir des Halliwell, tentant de gérer son appréhension du mieux qu'il le pouvait. Depuis l'invitation que Parker lui avait fait parvenir, un événement s'était produit, un évènement qui le hantait et le faisait douter de tout, et surtout de lui-même...

Percival avait acquis une forme démoniaque. Elle était apparue lors d'une bataille contre un démon, durant laquelle sa mère avait été mise en difficulté. Impuissant à l'aider, il avait subitement pris la forme d'une créature arachnide géante, sa taille et la surprise l'aidant à prendre le dessus sur le démon. Incapable de retrouver sa forme originelle, sa mère l'avait assommé d'un sort bien placé, et il s'était réveillé sous son apparence ordinaire, comme si rien ne s'était passé.

Percival ne voulait pas de ce pouvoir. De cette part démoniaque de lui qui menaçait de le consumer dans son entièreté. Il n'avait plus pris cette forme depuis, mais il n'avait pas la moindre maîtrise sur ce qui lui était arrivé, et il était terrifié par l'idée. Néanmoins, refuser de rencontrer Parker était au-dessus de ses forces...

Percival avait appris que garder certains secrets était parfois la meilleure des choses à faire. Mais devait-il cacher cela à Parker ?

Lorsque ce dernier ouvrit la porte d'entrée, Percival avait instinctivement refermé ses bras autour de lui dans une embrassade désespérée, avant de réaliser ce qu'il était en train de faire et de reculer en s'excusant, les joues écarlates. Parker lui avait tant manqué, et il avait cru ne jamais le revoir, plus encore après ce qui s'était passé entre leurs vies antérieures... Mais il s'était promis de garder ses distances, de ne pas le brusquer. Visiblement, il avait échoué.

"B... Bonjour, Parker."

Le cœur de Percy était empli de crainte, à l'idée de gâcher cette opportunité qui lui avait été donnée de réparer ses fautes. Chaque mot prononcé était une lutte contre lui-même, tant il était anxieux de braquer Parker :

"Merci d'accepter de me revoir. Je... Je ne te décevrai pas."

Se balançant nerveusement sur ses pieds, Percy n'osait pas même franchir le seuil du manoir sans y être invité explicitement. Leur relation avait changé, il le sentait clairement. Et cela le frustrait tout autant que cela l'attristait. Si seulement il avait décidé de se taire, rien de tout cela ne serait arrivé !

"Je... euh... Si tu souhaites prendre des précautions par rapport à moi, je comprends tout à fait. Qu'est-ce que je peux faire pour te rassurer ?"

Peut-être Parker demanderait-il à ce qu'il soit restreint physiquement ou magiquement. Ou lui interdirait-il de pénétrer certaines pièces, de faire certaines choses. Il s'assurerait que Percy ne pouvait pas utiliser sa magie en sa présence. Percival était prêt à accepter tout cela. Pour Parker. Pour sauver ce qui restait de leur amitié.

Percival s'était sincèrement préparé à être rejeté. A faire face à de la méfiance et des soupçons. Au lieu de cela, Parker avait répondu à son étreinte maladroite et impulsive, la main de l'homme frottant doucement le dos de Percival. Percy aurait souhaité qu'elle y demeure toujours. Malheureusement, il fallait bien qu'ils se séparent, et leurs retrouvailles se poursuivirent de façon toujours aussi inattendue pour Percival.

Ce fut un peu sonné qu'il suivit son ami à l'intérieur, tentant tant bien que mal de s'ajuster à ces nouveaux paramètres. Percival avait essayé d'envisager leurs interactions sous tous les angles, mais il était toujours parti du principe que Parker ne l'accueillerait pas à bras ouverts. Qu'il serait sur ses gardes, après leur précédente rencontre dans le présent et le désastre de leurs vies antérieures mêlées. Percival avait été incapable de résister à Gareth, et il craignait que cela ne soit annonciateur du destin qui l'attendait également de cette vie... Parker avait dû le réaliser aussi, n'est-ce pas ?

Pourtant, son ami lui ouvrait sa maison, sans conditions. Il n'était que sourires et prévenance, douces paroles, et Percival savait qu'il était supposé y répondre, mais les mots restaient figés dans sa gorge, incapables de s'en échapper. Il parvint difficilement à articuler un "Thé." à la question de Parker, ses yeux se posant alternativement sur son ami et à peu près partout ailleurs, incapable de soutenir durablement le regard de l'homme. Il ne comprenait pas... Il ne comprenait vraiment pas ce qui était en train de se passer...

Le thé fut servi, mais Percival se contenta de jouer avec la cuillère, la gorge trop nouée pour songer à boire. Cette fois-ci, son regard évitait résolument celui de Parker, les émotions qui s'y lisaient trop intenses pour que le demi-démon puisse les endurer sans craquer. Lorsque la main de Parker se posa sur la sienne, les doigts libres de Percival s'aventurèrent au niveau de son cœur, s'y crispant instinctivement. Il lui fallut quelques instants pour réaliser ce qu'il était en train de faire, son corps s'exprimant face à un traumatisme dont il ne s'était pas tout à fait remis, et Percival s'excusa à demi-voix, se forçant à baisser sa main coupable. Il ne voulait pas rappeler ces souvenirs à Parker, surtout pas...

Les mots de Parker le touchèrent profondément. Percival eut besoin de plusieurs inspirations lentes avant de parvenir à y répondre, pesant chacune de ses paroles :

"Je... Je tiens aussi à toi. Beaucoup. Et je... je serai heureux d'accepter tout ce que tu souhaiteras m'offrir. Je..."

Percival reprit la main que Parker tenait, tordant douloureusement et nerveusement ses doigts. Il ne souhaitait pas que son ami le sente trembler, pas s'il pouvait l'éviter. Percival était ému du pas que Parker avait franchi vers lui. Mais son corps était aussi craintif malgré lui, effrayé par une expérience de la mort bien plus apeurante que tout ce que Percival aurait pu imaginer... Et il ne voulait pas imposer à Parker. Il avait fait ce qu'il devait.

"Pardonne-moi. J'étais venu avec l'idée que je devrais prouver mes bonnes intentions, mériter ma place à tes côtés, et je... je ne sais comment réagir. J'ai visualisé nos retrouvailles dans ma tête des dizaines et des dizaines de fois depuis que nous avons convenu de nous voir, et... et aucune de ces simulations ne supposait que tu serais ouvert à mon retour. Je... Je suis perdu."

Inspirer. Expirer. Percival était atrocement nerveux. Il était terrifié à l'idée de dire ou de faire une mauvaise chose, et de ruiner leur fragile début d'entente. Pire que cela, l'ombre de sa forme démoniaque planait sur cette reconstruction précaire, et Percival ne savait que faire à ce sujet.

Devait-il parler, au risque de rebuter Parker une fois encore ? Devait-il se taire, et prendre le risque que son ami le découvre plus tard et se sente trahi ? Parker lui avait bien dit qu'il ne voulait pas savoir, qu'il n'était pas prêt pour cette vérité, la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Etait-il donc censé mentir ?

"Je ne sais pas comment envisager notre relation. Je t'aime, d'une façon que tu ne me retourneras probablement jamais, mais ce n'est pas important. Je... euh..."

Percival se tortilla sur sa chaise, mal à l'aise. Il entrouvrit ses lèvres, les ferma, les entrouvrit à nouveau, trouvant finalement les mots qu'il souhaitait prononcer :

"J'ai demandé à mes araignées d'éviter de venir ici. Je ne les utiliserai plus pour t'espionner. Peu importe mes intentions, je t'ai blessé en faisant cela, et je veux respecter tes souhaits et ta vie privée. Je suis désolé d'avoir piétiné ton intimité de la sorte. Je... J'apprends. Ces choses ne me viennent pas naturellement."

Il ignorait si cela était dû à sa nature démoniaque, son éducation peu ordinaire, ou quelque chose de plus profond. Sa mère lui avait toujours dit qu'il était particulier, lui refusant un label qui aurait pu se retourner contre lui dans le monde des humains. Mais il ne voulait pas que cette particularité ruine définitivement l'amitié qu'il partageait avec Parker... Tout comme sa part démoniaque.

Percy prit enfin une gorgée de thé, s'accordant quelques secondes pour aborder un sujet dont il n'était pas prêt à parler. Un soupir lui échappa :

"Je... J'ai une question à te poser. Et j'ai besoin d'une réponse franche."

Percival évita le regard de Parker, dirigeant obstinément ses yeux sur le contenu de sa tasse de thé :

"Tu m'as demandé pourquoi je t'ai révélé ma nature, d'une façon qui me laisse penser que tu aurais préféré demeurer ignorant sur ce sujet."

Non pas que Percival le blâmait. Sincèrement, il ne cessait de souhaiter pouvoir revenir à cet instant précis, et garder son secret pour lui. Revenir à la douceur de leur relation, sans tourments, sans questions, sans menace planant au-dessus d'eux deux.

"Est-ce que c'est toujours le cas ? Tu ne sais pas tout de moi, et certaines choses pourraient être déplaisantes. Je... Je n'ai pas fait de mal à un Innocent, ou... ou eu envie de le faire, je le jure !"

Percival s'était empressé de préciser ses pensées, effrayé que Parker puisse réellement songer cela de lui. Son cœur emballé par la panique, il se focalisa sur sa respiration, calmant ses angoisses aussi vite qu'il le pouvait :

"Désolé. Ce que je voulais dire, c'est... Comment dire ? J'aimerais savoir à quel point tu souhaites que je sois franc avec toi. Si je crains de basculer, je te le dirais, bien sûr. Ma mère est aussi prête à s'occuper de moi, si cela devenait nécessaire. Mais il y a d'autres choses... d'autres choses dont je pourrais parler, et qui pourraient te déplaire, et j'ai besoin de savoir si tu souhaites que je te les confie, ou si tu préfères que je garde le silence là-dessus."

Percival tritura le col de sa chemise, mordillant nerveusement sa lèvre inférieure :

"Je ne comprends vraiment pas comment ces interactions vous viennent aussi naturellement, à toi et à tous les autres. J'ai l'impression d'avoir raté le jour où l'on est tous censés recevoir le manuel d'instruction pour socialiser et comprendre le reste du monde."

Percival eut un rire nerveux. Le reste reposait sur les épaules de Parker, désormais...