the strange student. (ft. merlin)

Elle présidait, tout en bas de l'amphithéâtre qu'elle avait pour ses cours habituellement, une lecture de Shakespeare. Un classique, connu de tous en général. Pourquoi en faire tout un cours à des universitaires dans ces cas-là ? Bien qu'ils l'ont sans nulle doute étudié au lycée, Dorcas leur fait toute une synthèse sur la dramaturgie et son point de vue sur l'oeuvre. Une lecture personnelle proche de la réalité et pour peu ; elle l'a vécue. La vie Shakespearienne, l'époque et l'homme en lui-même, elle l'a côtoyé. Après une longue heure à parler de ce seul titre et quelque peu de la façon dont William Shakespeare écrivait ses dramaturges, la démone, dans sa robe en fourreau beige, referme son livre et laisse la dernière page de son diaporama se refléter sur le papier blanc en grand écran. « Si vous avez quelconques questions, évidemment, je serais ravie d'y répondre entre deux cours ou tout de suite. » Conclut-elle en souriant à son assemblée d'élèves de première année. Les cloches se font entendre, marquant la fin de son cour en beauté. « Pile à l'heure ! Bonne journée et n'oubliez pas le test qui aura lieu en fin de semaine sur Shakespeare et la dramaturgie. » Elle reste plantée au-devant de son pupitre, les mains jointes, le regard vagabondant d'un élève à un autre qui descendent vers les deux sorties de par et autres. Elle connait tous les visages qu'elle croise au sein de sa classe. Pour une démone qui a vécue des siècles sur Terre, cela n'est rien, elle sait comment retenir chaque prénom sur chaque personne. Néanmoins, sur tous ses visages, un seul se démarque du lot. Un jeune garçon qui fonce, tête baissé, vers une des portes, passant sous son nez entre deux élèves. Essaies-t-il d'être discret ? En tout cas, elle l'a remarqué, cette brebis qu'elle n'a jamais vu dans sa bassecour. Elle fronce les sourcils légèrement mais retrouve bien vite un visage souriant et décontracté lorsque un de ces élèves lui demande une petite entrevue.

C'est après dix minutes seule avec un élève, à expliquer le roman Le marchand de Venise, qu'elle sort enfin de sa classe. Elle respire, un bon bol d'air frais en s'étirant tout de large et de haut. Un fin rayon de soleil vient se frayer un chemin pour l'éblouir quelque peu. Dorcas place son bras comme coupe-vue avant de s'élancer vers un petit camion café qui vient de temps en temps sur le campus. Elle demande un café à emporter et se balade au sein de la fac en dégustant son breuvage. Amer. Noir. Tonifiant. Tout ce qu'elle peut aimer. Elle salue quelques élèves sur le chemin quand, soudain, elle aperçoit cet élève qui lui était alors méconnu. Elle plisse les yeux, préférant penser à si elle a déjà vu son visage ailleurs que dans son cours tout à l'heure. Pas du tout, il ne lui revient juste pas. Elle le voit, seul, assit sur un banc de pierres, l'air songeur ou égaré, va savoir. Dorcas s'approche donc de ce jeune garçon qui ne devait être qu'en première année vu son aspect physique. « Bonjour. Tu étais dans mon cours, n'est-ce pas ? » Dit-elle en approchant doucement du garçon, lui faisant alors une ombre soudaine. « Désolée, je ne connais pas ton prénom. Pourtant, je connais tous mes élèves... Tu viens d'arriver ? » Probablement un transféré. Probablement même un étranger, elle se préparait déjà intérieurement à lui parler dans sa langue maternelle, peu importe ce qu'elle est.





@Merlin Langford