Help I'm bored ! [Libre]

Help I'm bored !

La nuit était tombée sur San Francisco. Une nuit sans lune, sans étoile, une nuit noire qui augure les ténèbres et le chaos. Loin des lumières électriques et artificielles du centre, de la foule festives agglutinée dans les bars et les boîtes de nuit et des logements réconfortants et familier, dans le quartier sombre et inquiétant de Bayview, le Mal veillait. Dans cet immense bâtisse délabrée, cette ancienne usine désaffectée et abandonnée depuis plus de dix ans, un petit groupe d'hommes se tenaient là, attendant leur heure. Aussi robustes et vigoureux qu'ils étaient, ils tremblaient comme des feuilles, ne sachant se que l'avenir si proche leur réservait. Au loin on entendit les cloches des églises sonnaient, minuit, l'heure sublime, l'heure du crime. Le rendez-vous venait de commencer, chacun regardant autour d'eux, comme un fantôme funèbre et invisible planant sur eux. Puis une lumière soudaine, un halo pourpre au milieu d'eux, les faisant s'écarter tel des cafards aveuglés subitement et sentant le danger. Elle trônait là au milieu d'eux, un sourire sadique sur les lèvres, sa chevelure noire d'un coté et blanche de l'autre, si particulière, et cette robe de même teintes d'un velours élégant et grâcieux retombant en cloche raffinée jusqu'à ses chevilles fines et délicates. Sa voix brisa le silence plombant qui s'était installé.

Et bien... Je m'attendais à un meilleur accueil. Auriez vous donc oublié vos manière?

Demanda-t-elle sur un ton presque candide mais qui ne laissait place à nul doute quand au sarcasme qu'il dissimulait à peine. Aussitôt, de concert, tous les gaillards se prosternèrent, genoux au sol, devant la dame qui venait d'apparaître. Elle les balaya d'un regard satisfait, petite moue sur sa bouche dévoilant son contentement. Elle hocha de la tête et comme un ordre muet, ils se relevèrent et se tinrent au garde avoue, tel des soldats devant leur lieutenant. Elle commença à faire quelques pas, les jonchant de bas en haut tour à tour, comme scrutant la moindre faille, la moindre faiblesse. Sortant du cercle qu'ils avaient formés autour d'elle, ils la suivaient tel les tournesols suivant le soleil. Puis elle se stoppa devant son assemblée.

Je suis déçue. Terriblement déçue. Voilà trois semaines que je vous ai envoyé en mission. M'apporter des éléments concrets pour vaincre le Pouvoir des Trois ou me ramener leur petites têtes sur un plateau d'argent. J'ai été plus que généreuse puisque c'était à votre bon choix. Et aujourd'hui qu'est ce que j'ai?

Le ton était sec et claquant. Aussitôt le discours terminé, le silence lourd retomba tel une chape de plomb, infiltrant le moindre espace de ce grand bâtiment délabré. Quelques secondes, personne n'osant se risquer à répondre quand soudain, d'une voix tremblante, des paroles s'élevèrent,

Rien?

Un des hommes sur le coté venait de prononcé sans grande assurance ce mot, presque une plainte. La dame leva son regard sur l'homme qui venait de lui répondre et instantanément, il se mit à prendre feu, se consumant en quelques secondes dans un hurlement mortifère de douleur. Plus personne ne bougeait le moindre muscle, de peur de subir le même sort.

Exactement. Rien.

Répondit-elle dans un souffle d'exaspération. Elle les jaugea à nouveau, le regard dur et méprisant. Elle refit quelques pas, vibrant dans l'air au claquement de ses talons sur le sol.

Je m'ennuie, vous êtes médiocre et incompétent, inutile et futile. Vous n'êtes qu'une bande de parasites sans le moindre intérêt... vous avez eux votre chance.

A ses paroles le sol se mit à trembler, les murs à se fissurer petit à petit. Un séisme qui ne se propageait que dans l'espace de cette vieille usine sinistre. Le sol se trancha alors en deux, formant une grande brèche béante dont une lumière au fond luisait du centre magmatique de la terre. Une faille sous les pieds des démons subalternes qui n'eurent pas le temps de réagir et tombèrent les uns après les autres dans les entrailles terrestre. Seuls deux plus agiles parvinrent à éviter de justesse cette chute mortelle. Les tremblements cessèrent et la brèche se referma comme si elle n'avait jamais eu lieux. Les deux survivants se jetèrent à terre, la suppliant de les épargner. Elle roula des yeux, exaspérée par leur attitude. Elle se baissa au niveau du premier, posa sa main sous son menton et releva sa tête, plongeant son regard dans le sien, elle murmura,

Je te pardonne...

Puis délicatement, elle posa ses lèvres sur les siennes. Tout à coup, il se mit à convulser, sa peau devint rouge comme une fièvre démente et subite, une fumée de mit à sortir de par ses différents orbites et il cessa de remuer. Elle retira ses lèvres des siennes et laissa retomber le corps sans vie au sol, brûlé de l'intérieur. Elle sortit un mouchoir en soie de son décolleté, s'essuya les lèvres avec un air de dégout et jeta le bout de tissu sur le cadavre. Elle jeta ensuite un regard au dernier rescapé,

Disparait.

Siffla-t-elle. En une fraction de seconde l'homme disparut en un miroitement. Elle soupira, balayant ma grande salle où elle était à présent seule. Pourquoi n'arrivait-elle pas à trouver des démons compétents? Les enfers n'étaient-ils constitués que de vermines et de bons à rien? Elle espérait que ce début de soirée ennuyant et barbant à souhait ne serait que provisoire...